• RUSSES D'ISRAËL: Qui sont ils?
    (extraits de Proche-Orient.info)

    En Israël, on les appelle "les Russes". Ils sont 1.200.000 et représentent environ 18% de la population, mais il sont encore perçus comme une entité à part. Ces nouveaux immigrants venus de l'ancienne Union Soviétique hésitent entre plusieurs identités. Attachés à leur culture d'origine, déboussolés par les définitions sociales de leur nouveau pays – dont ils contribuent pourtant à changer le visage –, les Israéliens d'origine russe doivent adapter leur propre mutation à celle d'Israël. Deux dynamiques qui s'opposent et se rejoignent en même temps, fondées sur des réalités démographiques, sociales, politiques, mais aussi sur des préjugés et des stéréotypes.

    Un dossier réalisé par Pascale Zonszain

    I

    LA QUÊTE IDENTITAIRE

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       Il y a eu deux principales vagues d'immigration en provenance d'URSS. La première a commencé dans les années 70. À l'époque, le pouvoir communiste avait brièvement entr'ouvert les portes, laissant sortir au total 170.000 Juifs qui ont pu gagner Israël, tandis que derrière eux restaient les Refuzniks, ceux à qui l'on refusait tout visa de sortie et jusqu'au droit d'apprendre l'hébreu. De ces "Prisonniers de Sion", les Israéliens connaissaient Natan Sharansky et Ida Nudel, et ceux qui parvenaient jusqu'à Israël étaient auréolés de leur prestige. Puis, à la fin des années 80, a commencé avec la libéralisation du régime de Gorbatchev, la deuxième vague d'immigration qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'au milieu des années 90, c'est par centaines de milliers que les Juifs de Russie sont arrivés en Israël chaque année, modifiant d'ailleurs en profondeur la carte démographique de leur pays d'accueil. Entre 1989 et 2005, ils sont environ un million deux cent mille à avoir immigré en Israël, venant de Russie, mais aussi et surtout d'Ukraine et de Biélorussie et d'autres républiques de l'ancienne URSS.

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       Mais, dans cette vague d'immigrants, tous n'avaient pas le même statut. Si tous bénéficiaient de la Loi du Retour qui leur permettait d'accéder à la citoyenneté à la condition de prouver dans leur filiation l'existence d'au moins un grand-parent juif, une fois installés en Israël, ils ont découvert que tous ne pouvaient prétendre aux mêmes droits. En Israël, le statut personnel est défini par la religion, et ceux qui ne peuvent présenter une appartenance claire, se retrouvent en quelque sorte hors du circuit légal. C'est ainsi que les Russes, après des décennies d'assimilation d'État, n'avaient pas seulement perdu leur culture juive, mais aussi leur identité juive, en contractant des mariages mixtes, ou en étant issus de mariages mixtes. Selon les critères légaux israéliens, on estime à quelque 300.000 - soit un quart de ce groupe de population - le nombre d'immigrants russes qui ne sont pas considérés comme juifs. Leur proportion a d'ailleurs augmenté régulièrement au fil des arrivées. Au milieu des années 90, un tiers des nouveaux immigrants étaient des non-juifs. Entre 2000 et 2005, leur proportion est montée à environ 55%. Un facteur qui limite leur absorption dans la société israélienne, les mettant en porte-à-faux tant vis à vis d'eux-mêmes que du reste de la population.

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