• Tzipi Livni

     

     

    Peu de représentants de sa génération connaissent aussi bien qu'elle l'idéologie révisionniste, elle peut citer de mémoire des pages entières de l'œuvre de Jabotinsky. Lors de sa première rencontre avec Condoleezza Rice, elle mentionnera la carte d'Israël du mouvement révisionniste gravée sur la tombe de son père - qui comprend les deux rives du Jourdain - pour souligner la difficulté de faire des concessions territoriales.

       Lors de son entrée en politique, Tzipi Livni n'est pas une "colombe" au Likoud, alors qu'elle fera ensuite ratifier le plan de désengagement à la Knesset. Opportuniste ? Non, elle est intègre. Beaucoup plus politique que politicienne. "Même si nous sommes opposés, dira d'elle Charansky, on sait toujours où elle est, contrairement à d'autres politiciens !" Sa prise de conscience transparaît clairement dans un discours prononcé en août 2003 à Vancouver : "Je veux m'assurer que mes enfants puissent vivre en sécurité dans un État juif". Contrairement à d'autres, elle a déjà réalisé qu'il faut privilégier la démographie à la géographie pour préserver un État juif et démocratique. Malgré tout, elle est encore sceptique quand Sharon expose son plan de désengagement en novembre 2003. Elle ne change de cap que lorsque le président Bush se déclare contre le retour des réfugiés palestiniens en Israël.

       Tzipi Livni n'est pas seulement pragmatique, elle a un talent de médiateur largement confirmé dans ses négociations avec les opposants du Likoud au plan de désengagement. C'est elle que Sharon envoie au front pour convaincre Netanyahou et autres de ne pas faire dérailler le plan à la Knesset. Le principe d'un plan par étapes est adopté en octobre 2004, rien ne pourra plus l'arrêter.

       Mais Tzipi Livni a aussi des "tripes". En avril 2004, elle se rend à Hadera, une ville qui a largement souffert des attentats terroristes. Devant une audience plutôt hostile, elle défend la politique de Sharon, et souligne l'importance de prendre l'initiative sur la scène internationale. "Quand nous avons dit non à Madrid (1991), nous avons eu Oslo. Et quand nous avons hésité à Oslo, nous avons eu Barak et Camp David… Soit le Likoud prend l'initiative pour protéger les intérêts vitaux du pays, soit nous devrons toujours courir derrière pour limiter les dégâts. Elle sera aussi la première élue de droite à prendre officiellement la parole aux commémorations de l'assassinat de Rabin, le 12 novembre dernier.

     

    Tzipi Livni a apparemment gardé des traces de son passage au Mossad. Contrairement à beaucoup de parlementaires, elle réfléchit avant d'ouvrir la bouche. La politique qu'elle défend est consignée dans la plateforme politique de Kadima qu'elle a elle-même rédigée. Bien que n'ayant jamais dirigé de grands ministères auparavant, Tzipi Livni n'a pas été un politicien de second rang ces trois dernières années. Très proche de Sharon, elle a été de toutes les batailles politiques. Cette jeune femme est un véritable "homme d'État". Elle l'a prouvé en ne disputant pas la direction de Kadima et du gouvernement à Ehud Olmert, et en renonçant gracieusement à la deuxième place de Kadima au profit de Shimon Peres. Populaire à gauche comme à droite, elle est, par excellence, le représentant du nouveau parti du centre.





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