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    Toute idéologie nationaliste peut, à un moment ou un autre, employer des arguments racistes. Et tout Etat national utilise à un moment ou un autre l'arme de la xénophobie ou du racisme. Le nationalisme, l'Etat et le racisme marchent parfois ensemble, parfois séparément mais il n'existe aucune incompatibilité majeure entre les trois. C'est d'ailleurs pourquoi les révolutionnaires sont favorables à la disparition des nations, des frontières et des États.

    Donc, oui le sionisme a une dimension raciste potentielle, mais comme n'importe quelle autre idéologie nationale et nationaliste, y compris celle des Palestiniens, et pas davantage qu'une autre. Signalons d'ailleurs qu'au sein même d'Israël il existe de puissants préjugés racistes entre les Juifs eux-mêmes, préjugés dénoncés depuis des dizaines d'années par les Juifs orientaux ou éthiopiens, et sources de discriminations réelles en Israël.

    Cependant, souligner constamment les tendances racistes du sionisme, tout en faisant l'impasse sur les tendances racistes des nationalistes palestiniens est extrêmement dangereux. L'utilisation systématique de cet argument est relativement nouvelle, comme l'a montré la conférence internationale de Durban sur le racisme où Israël fut condamné comme un Etat raciste par la majorité des présents. Ceux qui veulent absolument démontrer que le sionisme est une idéologie raciste jouent sur l'indignation morale qu'a suscitée l'Holocauste et essaient de la retourner contre Israël. Ce procédé est crapuleux car il aboutit, par touches successives, à faire un parallèle entre sionisme et nazisme. Et c'est justement ce que faisait Socialist Worker en comparant les Palestiniens de Jenine aux Juifs du ghetto de Varsovie et Socialisme en juxtaposant des photos de soldats nazis et israéliens. De telles comparaisons ne sont pas du tout innocentes, car elles constituent une des armes favorites des négationnistes et des antisémites qui veulent à tout prix montrer que les Juifs sont aussi racistes que les autres, voire davantage. Enfin, à force d'être banalisée, l'accusation de racisme devient une espèce de tarte à la crème qui lui enlève tout sérieux aux yeux de la majorité de la population, renforçant le nouveau credo des réactionnaires qui prêchent, sur le ton du bon sens, que tout le monde est raciste et que l'on ne pourrait rien y faire.

     

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