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    Revendiquez vous être sioniste ?      

    Oui      Non

    Croyez vous à la paix au Proche - Orient ?      

    Oui      Non

    Pensez vous que nous assistons à une montée d'antisémitisme en France ?      

    Oui      Non

    Pensez vous que la France mène une politique pro-Arabe ?      

    Oui      Non

    Je souhaite publier ces informations sur mon espace perso (Ne rien cochez si ce n'est pas le cas)

    Oui    


     

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  • Infos du 04/12/06

     

    Olmert : la retenue se poursuivra malgré les réserves de Tsahal

    Le quotidien Maariv relate le déroulement de la réunion du cabinet, hier, où un grave désaccord est apparu entre le Premier ministre, Ehud Olmert, et le ministre de la Défense, Amir Peretz, quant à la stratégie militaire souhaitable à Gaza. Exprimant l'opinion de Tsahal, le ministre de la Défense a proposé de permettre à Tsahal d'opérer dans la bande de Gaza malgré le cessez-le-feu pour déjouer des tirs imminents de roquettes Qassam.

    Depuis le début de la trêve, note le Maariv, 15 roquettes Qassam ont été tirées sur le sud d'Israël. Selon le Yediot Aharonot, ces tirs sont effectués par un groupuscule du Fatah, piloté par le Jihad Islamique et aidée par le Hezbollah. Le Haaretz ajoute qu'au moins une roquette a été tirée hier vers le Néguev occidental.


     

    Tzipi Livni aux ministres : arrêtez de vous exprimer sur le Liban


    Le Yediot rapporte qu'Israël se garde d'intervenir dans la crise libanaise malgré sa crainte que l'Iran réussisse, par le biais du Hezbollah, à faire tomber le gouvernement Seniora et à prendre le contrôle sur ce pays.
    Au cours de la réunion gouvernementale hier, la ministre des Affaires étrangères Livni a appelé ses collègues à ne pas afficher publiquement leur soutien à Seniora, car ce genre de propos ne fera que l'affaiblir.
    En dépit de l'appel de Mme Livni, les ministres se sont beaucoup exprimés à ce sujet, le ministre Eli Yishaï (Shass) appelant à « ne pas rester passifs et de se préparer à la possibilité d'un coup d'Etat au Liban ».


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  • L'antisémitisme dans le stade ou l'image de la France d'aujourd'hui

    Par David Alia

     

    Je vais vous la jouer comme Beckham classique : j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, je commence par laquelle ?

    87 % des sondés préfèrent commencer par la bonne, estimant que l’endorphine sécrétée par icelle atténuera la tristesse de l’annonce de la mauvaise. Nous allons tenter l’expérience.

    La bonne nouvelle

    J’étais au fameux match PSG - Hapoel Tel Aviv du jeudi 23/11 dernier. Dans la tribune collée à celle d’Auteuil. Alors pour les néophytes du football (dont je faisais partie il y a encore quelques jours), on distingue au Parc des Princes deux types de gros cons tarés écervelés : le kop de Boulogne, crâne rasé, bras droit tendu, ce sont les nazillons dont la presse a abondamment parlé. La tribune d’Auteuil, à l’autre extrémité du stade, ce sont les gentils supporters, concons mais gentils. Ils sautillent en chantant gaiment des chansons, ils insultent l’équipe extérieure mais après tout, on est au foot.

    La bonne nouvelle est donc maigre, mais elle m’a terriblement ravi : Hapoel Tel-Aviv bat le PSG par quatre buts à deux, quatre buts magnifiques devant une équipe du PSG fébrile voire inexistante. Hapoel Tel-Aviv, à poil PSG !

    La mauvaise nouvelle

    La mauvaise nouvelle, c’est que ce que vous a raconté la presse est ignoblement faux. FAUX. Et je pèse mes mots volontairement.

    La presse a voulu nous et vous faire croire que le “dérapage” mortel de jeudi dernier était dû à la violence nauséabonde (car brutale mais surtout raciste) d’un groupe de hooligans du kop de Boulogne. Certains titres sur le net fleurissent sous la bride “hooliganisme”.

    Ceci, amis lecteurs, est FAUX. Je le redis encore une fois, ceci est archi-faux et quelqu’un se devait de le dire. Je pense que nombre de spectateurs dans le stade le feront également sur les médias idoines, mais je profite du support de mon blog pour l’affirmer encore une fois : le match de jeudi dernier ne s’est pas conclu par un affrontement entre des hooligans cinglés et furieux et un pauvre juif, aidé courageusement par un policier martiniquais providentiel.

    Ce match était le plus grand déferlement de haine anti-juive qu’il m’ait été donné de voir en direct live. Je le redis parce que vous devez écarquiller vos yeux en ce moment : ce match était le plus grand déferlement de haine anti-juive qu’il m’ait été donné de voir en direct live.

    Tout d’abord une précaution. Ceux qui me lisent régulièrement interpréteront ce qui va suivre, j’en suis sûr, positivement. Que les lecteurs ponctuels ou instables me permettent de préciser qu’il a toujours été prôné et vanté ici le respect entre les peuples, et principalement le respect entre les hommes (ou femmes) quels qu’ils soient. Enfin, que cet article n’est ni un acte de propagande ni une histoire pour faire peur aux enfants lorsqu’ils sont trop bruyants. Juste un témoignage vrai et douloureux.

    Peut-être que tout ceci n’aurait pas eu lieu si le PSG avait gagné. Pour ma part, que cette équipe gagne ou perde, je m’en bats les roubignolles comme dit mon beau-frère, 22 ans, fan du PSG et présent le soir du match. Peut-être, admettons. Pourtant…

    Nous étions un groupe de dix, deux filles, deux séniors, une rimbambelle de jeunes échelonnée de 35 à 18 ans. L’un d’entre nous avait apporté un drapeau israélien, que nous avons agité timidement lors des deux derniers buts.

    Juste derrière nous, la tribune Auteuil. En haut des gradins, des jeunes avec des drapeaux palestiniens et libanais exhibés avec fierté. Qu’est-ce qu’ils font là ? Qui comptent-ils narguer ?

    Mais restons factuels. Pendant le match, je vois les insultes fuser entre le balcon haut et le balcon bas. Des doigts d’honneur à tout bout de champ. Les supporters juifs français sont désignés, j’entends vociférer des trucs incroyables, tellement incroyables que la sécurité du stade est intervenue de manière préventive pour empêcher des types de franchir des barrières pour jouer des coudes et des poings.

    Le match se termine dans une minute. En sortant à la dérobée, vous avez bien lu, nous avons dû sortir avant la fin du match, nous nous scindons en deux petits groupes pour ne pas attirer l’attention. Les supporters “modérés” partent également. Nous accélérons la cadence. Nous sommes dehors, tribune G, à deux cents mètres du métro. La foule commence à grossir, le match est terminé. Des commentateurs de fortune pestent contre l’équipe pourrie et l’entraîneur qui devrait démissionner. La place est peu éclairée, en retrait des routes principales. Nous baissons la tête et nous nous écartons des endroits sombres.

    Et puis, ça a dégénéré.

    On entend crier “Palestine“, “Ils sont où vos drapeaux maintenant ?” ou “Allez les juifs, vous faites moins les malins maintenant !“. Les types sont derrière moi. Une écharpe du PSG autour du visage ou du cou, ils cherchent l’altercation. Les embrouilles, la castagne comme on dit. Sauf que la castagne, ça peut être pour ma gueule vu qu’ils sont juste sur mes talons.

    “Vous êtes où les juifs hein ?” continuent-ils à brailler. C’est un groupe de jeunes arabes qui s’approchent d’une fille, probablement juive, qui téléphone et qui lui balancent une claque dans la figure. “Ils sont où vos drapeaux hein ?“, je les entends dans mon oreille, je rentre la tête dans mon blouson, je m’écarte sans courir et me dirige vers le métro. Sur toute la route, pas un policier. PAS UN.

    L’autre moitié de notre groupe avait avancé séparément. Un père avec ses deux enfants (18 et 20 ans), et ses deux gendres. A quelques mètres de la police, à la porte de Saint-Cloud, Anthony (20 ans) se fait happer par un groupe de 4 jeunes. Ce ne sont pas des fachos, des skin heads, des lepénistes, non. Ce sont des fans moyens du PSG, arabes, haineux et déchaînés. Anthony se prend des coups au visage et dans le ventre. La famille le récupère tant bien que mal et se précipite vers la police, immobile, inactive. Ils sont attérés.

    Je rentre chez moi par le bus, je me cache. Je le redis encore une fois : en 2006, en France, dans un bus public, je me cache d’être juif de peur de me faire prendre à parti (terme politiquement correct pour bastonner). Vous allez me dire : mais ce n’est pas écrit sur ta figure que tu es juif ! Erreur, lourde erreur. D’abord j’ai un gros nez. Ensuite, j’apprends par un collègue qui était au match, non-juif mais supporter inconditionnel du PSG, que certaines personnes qui portaient le maillot PSG mais “d’allure juive” ont également été frappées.

    La bête est revenue, chantait l’ami Pierre Perret. En pensant étroitement aux fachos et leur tête pensante à l’oeil de verre. Mais l’hydre a plusieurs têtes, et ce soir-là, c’était un visage horrible que j’ai reconnu, celui de la haine sans concession d’acteurs du paysage français que nous cotoyons quotidiennement. Ceux que les médias appellent les jeunes ou les racailles, qui entretiennent et vouent une haine inconditionnelle à ceux que les médias pointent délicatement sous le terme “d’Israélites”.

    Vous ne le savez peut-être pas, ami(e) lecteur(e), mais depuis quatre jours, je n’ai pas entendu un seul juif, PAS UN SEUL, qui n’ait pas parlé de ce match, qu’il y ait été présent ou non. C’est une vraie déchirure, un vrai traumatisme que toute la communauté a ressenti depuis la semaine dernière et si les informations de 20h ou votre journal favori n’en parlent pas, il est grand temps que la vérité éclate. A travers de nombreux témoignages comme le mien que vous trouverez probablement sur le net ou en vous adressant au juif le plus proche de chez vous.

    Que faire alors ? Fuir, se barrer en Israel, au Canada, aux Etats-Unis ? Résister et se battre avec des gars du Bétar ? Vivre la tête baissée dans sa capuche, honteux ? Vous me croyez si je vous dis que j’ai une boule dans l’estomac et un noeud dans le coeur depuis quatre jours ?

    Et le pompon sur le gâteau : à la sortie du match, j’entends un supporter éclairé déclamer “quels sales juifs, ils nous ont mis 4 buts”. Quelle ironie, ce ne sont pas des Juifs qui ont joué mais des Israéliens. Et les buts ont été inscrits par deux joueurs Arabes, ne serait-ce que pour prouver que cette vie harmonieuse est possible, et de surcroît dans le sport.

    Ben finalement j’aurais peut-être dû commencer par la mauvaise nouvelle tiens. Ca nous aurait laissé un peu d’espoir sur la fin.

    Parce que là, l’espoir…


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  • L’identité juive est-elle un des facteurs de l’antisémitisme ?
     
    Un texte d’Avraham B. Yehoshua relance le débat sur les causes de la haine des Juifs
    par Michel Abitbol
     

    Extrait de L’Arche n° 571, novembre 2005
    Numéro spécimen sur demande à info@arche-mag.com


    Michel Abitbol est professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem. Dernier ouvrage paru : Les amnésiques. Juifs et Arabes à l’ombre du conflit du Proche-Orient (Éd. Perrin).

    antisémitisme. Encore et toujours. Pourquoi ? Il a fallu beaucoup de courage à Avraham B. Yehoshua pour tenter d’expliquer ce phénomène en pointant du doigt les Juifs, leur personnalité et leur identité, et non pas, comme on a généralement l’habitude de le faire, en analysant le comportement des antisémites et leurs mobiles religieux, économiques et politiques. Véritable pavé dans la mare des spécialistes, l’étude de Yehoshua intitulée « Essai de définition et d’explication structurelle de l’antisémitisme » (1) a été publiée cet été par la revue de Tel-Aviv Alpayim qui, consciente des remous que le texte du grand écrivain n’allait pas manquer de susciter, a pris soin de l’accompagner d’un riche échantillon de commentaires émanant d’éminents historiens israéliens de l’antisémitisme.

    Tout en rendant hommage à la clarté d’esprit de l’auteur de L’Amant et de Monsieur Mani, et à son effort de démontrer l’existence d’un soubassement structurel unique commun à l’ensemble des manifestations de l’antisémitisme, la plupart des historiens n’acceptent pas la thèse de Yehoshua qui fait porter, d’une certaine façon, aux Juifs eux-mêmes la responsabilité de la peur et des fantasmes qu’ils suscitent autour d’eux.

    Reposant sur une double dimension, religieuse et nationale, aux composantes le plus souvent imaginaires, l’identité juive selon Yehoshua a ceci de particulier qu’elle apparaît aux yeux des non-Juifs comme un phénomène amorphe et fantasque. Cela a pour effet de les déstabiliser et, pour peu que leur propre vision du monde soit trouble, le contact avec cette identité juive insaisissable peut les conduire jusqu’à des actes de démence. Le Juif, écrit Yehoshua, dans une belle envolée lyrique, se dresse comme « un texte troué de blancs qui appelle des lectures multiples et diverses au gré des besoins psychiques du lecteur ».

    Sans doute la faiblesse méthodologique la plus frappante de la thèse de Yehoshua a-t-elle trait à sa vision a-historique du phénomène antisémite où il tend à englober toutes les formes de haine antijuive à travers l’histoire, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, incluant pêle-mêle la Perse d’Assuérus et d’Aman selon le Livre d’Esther, les persécutions de l’Église, les massacres almohades, l’expulsion d’Espagne, les pogroms de Russie et de Pologne, lahoah, l’antisionisme musulman, et jusqu’à la très récente déclaration scandaleuse du compositeur grec Mikis Theodorakis pour qui tout le mal dans le monde vient des Juifs. Or, jusqu’à l’époque moderne, lui rétorquent justement Yehuda Bauer, Israël Yuval, Shulamit Volkov et d’autres, c’est bien le Juif en chair et en os, ennemi de la Croix et du Croissant, et non le Juif à l’identité « imaginaire » ou « virtuelle », qui est la cible de ses adversaires chrétiens et musulmans.

    Un Juif bien réel donc, et néanmoins démoniaque, non pas à cause du double ancrage religieux et national de son identité (qui, après tout, ne le distinguait guère du Polonais et du Croate catholiques, ou du Serbe, du Russe et du Grec orthodoxes) mais parce que, pendant l’Antiquité, il est différent, par son monothéisme, des peuples « païens » qui l’entourent ; puis, depuis la généralisation du monothéisme dans le monde à la suite de l’avènement du christianisme et de l’islam, parce qu’il est tenu pour déicide et condamné à errer d’un pays à l’autre, porteur de la malédiction divine.

    C’est seulement avec l’irruption du sentiment national en Europe, et avec la sécularisation de la société, à partir du XVIIIe siècle, rappellent Israël Bartal et Robert Wistrich, que les Juifs sont appelés à affronter l’antisémitisme dont parle Yehoshua. Une judéophobie d’un type nouveau - malgré quelques ressemblances de façade avec les formes anciennes de haine antijuive - dont la gravité et les conséquences tragiques ne devrait pas faire oublier, souligne Shulamit Volkov, que l’identité juive « incriminée » par l’écrivain n’a guère empêché les Juifs de connaître, en Europe et en Amérique, deux siècles d’un extraordinaire épanouissement économique, politique, social, intellectuel et artistique.

    Cela dit, et tout le monde en convient, ce n’est pas à une révision de l’histoire juive ni à un ré-examen de nos connaissances sur l’antisémitisme que Yehoshua convie ses lecteurs. Son objectif est plus restreint et plus ambitieux à la fois. À savoir : dévoiler la « racine profonde », le code ADN de l’antisémitisme, afin de fabriquer la « clef » adéquate permettant d’en freiner les débordements, ceux notamment en rapport avec l’antisionisme d’aujourd’hui. Une approche « essentialiste », dont le bien-fondé est contesté par Peter Schaeffer pour qui, depuis l’Égypte ancienne jusqu’à l’Allemagne contemporaine, la diabolisation du Juif n’a guère eu besoin de la médiation de l’identité juive pour se déclencher.

    L’antisémitisme est l’affaire des non-Juifs et non des Juifs, soutient pour sa part Dina Porat, qui rappelle à ce sujet le mot célèbre et néanmoins très réducteur de Jean-Paul Sartre dans ses Réflexions sur la question juive : « Un Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif ». En d’autres termes : c’est le Juif « inventé » et imaginé par les non-Juifs qui est la cause de l’antisémitisme, et non pas l’identité juive imaginée par les Juifs.

    Assurément, A.B. Yehoshua ne jette pas le voile sur la responsabilité des non-Juifs ; mais il n’en considère pas moins que, pour mettre fin à l’antisémitisme, les Juifs se doivent de prendre les devants et réformer leur identité en réduisant les éléments « imaginaires » et « virtuels » qui la composent, et surtout en en dissociant l’aspect national de l’aspect religieux. Tel est le sens, après tout, de la révolution sioniste, rappelle l’auteur du Voyage vers l’an mil qui, excellent romancier, imagine, à la fin de son essai, une « réunion au sommet » des Sages d’Israël, depuis Abraham et Moïse jusqu’aux grands maîtres de la Haskala, en passant par les rabbins de la Mishna et du Talmud, Saadia Gaon, Maïmonide, Nahmanide, Sabbataï Zevi, Rabbi Nahman de Bratslav etc., auxquels on montrerait un documentaire sur la Shoah. La projection terminée, toutes les personnes présentes seraient priées de répondre à une seule question : auriez-vous agi différemment pour éviter cette terrible catastrophe que l’on vient de vous révéler ? La plupart d’entre elles, pense Yehoshua, auraient déploré de n’avoir pas mis suffisamment l’accent, durant leur vie, sur l’indispensable regroupement des Juifs en Terre sainte et sur les menaces qu’implique leur dispersion à travers le monde...

    Sioniste « néo-cananéen », comme le qualifie Shlomo Avinéri, aspirant à un État d’Israël « normalisé » et passablement coupé de ses racines diasporiques, A. B. Yehoshua ne cache pas sa peine devant les retombées mystiques et religieuses de la guerre des Six Jours (juin 1967) qui ont altéré l’identité israélienne telle qu’elle avait été voulue par les pères du sionisme : « Voilà, déplore-t-il, que nous retombons dans cet ancien modèle qui génère et aggrave le caractère virtuel et indéterminé (de l’identité juive) et vers lequel tendent également, pour notre plus grand malheur, quelques-uns de nos voisins tout aussi perturbés. »

    Nourri des mêmes fantasmes générés par la double structure de l’identité juive, l’antisionisme musulman d’aujourd’hui, comme l’antisémitisme chrétien d’hier, risque de déboucher sur une nouvelle catastrophe de même envergure que la Shoah. D’autant que, écrit-il, avec la dissémination des armes de destruction massive, « la possibilité d’anéantissement devient de plus en plus simple et accessible à tous ».

    Une conclusion un peu trop hâtive, nous semble-t-il. Traversant à grandes enjambées l’histoire contemporaine, Yehoshua donne l’impression d’être prisonnier de son propre modèle d’explication, qui le conduit à une vision répétitive et, somme toute, « catastrophaliste » de l’histoire. Or, pour le meilleur comme pour le pire, le monde ne reviendra pas à ce qu’il a été avant la seconde guerre mondiale - et, liant son sort de bon ou de mauvais gré à un État d’Israël regroupant désormais une grande partie du peuple juif, la diaspora ne redeviendra jamais ce qu’elle a été jusqu’à la Shoah.

    Les Juifs ont disparu de bien des pays où ils étaient encore fort nombreux jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais cela n’a pas empêché ces pays, comme la Pologne durant les années Gomulka, de verser dans un antisémitisme viscéral qui - c’est le moins que l’on puisse dire - n’a point été tributaire des débats d’un autre temps sur l’ambiguïté imaginaire de l’identité juive. Que dire aussi, à ce propos, de certains pays arabes qui n’ont jamais connu de Juifs depuis la mort du Prophète, comme l’Arabie saoudite d’Oussama Ben Laden, ou encore des États du Proche-Orient où toute présence juive a pratiquement cessé depuis la fin des années 1960 ? Y était-il indispensable de côtoyer des Juifs (auxquels, soit dit en passant, l’islam n’a jamais conféré d’autre identité que religieuse) pour s’adonner à un antisémitisme effréné qui, de nos jours, n’a même plus besoin de se cacher derrière les habits usés de l’antisionisme ?

    1. Le texte est paru, presque simultanément, dans un recueil de trois textes d’Avraham B. Yehoshua intitulé Israël : un examen oral (traduit par Denis Charbit, aux éditions Calmann-Lévy).

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  • Comment je suis devenu sioniste

    Il est inutile de ruser avec l’Histoire, surtout l’histoire juive

    par Luc Rosenzweig

     

    Extrait de L’Arche n° 539-540, janvier-février 2003
    Numéro spécimen sur demande à info@arche-mag.com


    Luc Rosenzweig est ancien journaliste au Monde, et co-auteur, avec Élie Barnavi, de France-Israël, une affaire passionnelle (éditions Perrin).

     

    Voici comment je suis devenu sioniste. Absolument et, pour autant que l’on puisse être le prophète de son propre destin, définitivement. L’affaire s’est conclue le 7 avril 2002, aux alentours de 15 h, sur la place Bellecour, à Lyon.

    C’était la première fois, depuis bien longtemps, que je participais à une manifestation de rue sans stylo ni calepin, mû par la seule nécessité d’être présent aux côtés de ceux qui avaient entendu l’appel du Conseil représentatif des institutions juives de France. Le CRIF avait invité tous ceux qui avaient été choqués par la vague d’agressions antisémites perpétrées les mois précédents contre des synagogues et des lieux culturels juifs dans plusieurs villes de France à venir protester, fermement mais dignement, dans les rues des principales cités du pays. Ce n’est pas le pain quotidien de cette vénérable institution, plus à l’aise dans les palais nationaux que sur le parcours Nation-République, de faire descendre sur le pavé une foule de gens dont les préoccupations politiques, économiques, religieuses ou sociales sont aussi diverses, et même divergentes, que celles de l’ensemble de la société française.

    Et pourtant, nous étions tous là, ou presque. Comme on l’apprendra plus tard dans les bulletins d’information, nous étions plus de dix mille à Lyon, et près de deux cent mille dans toute la France, selon la police, à avoir répondu à cet appel. Ce « nous », c’est « nous », pas les autres. Car pour la première fois de ma vie de manifestant, qui avait commencé quarante ans plus tôt, dans ces même lieux, lors des défilés devant le « Veilleur de Pierre », statue symbolisant la Résistance sur cette même place Bellecour, pour protester contre les attentats de l’OAS en 1962, je me retrouvais en compagnie exclusive de ceux que j’ai toujours du mal à appeler « mes coreligionnaires ». Oui, à quelques rarissimes exceptions près, nous n’étions là que des Juifs : des jeunes, des vieux, des ashkénazes, des sépharades, des Loubavitch à chapeau noir et papillotes, des profs à lunettes cerclées d’or, des soldeurs culottés, des vendeuses maquillées, des étudiants fauchés, des médecins bien installés.

    Pour la première fois dans l’Histoire de France, les Juifs de ce pays défilaient sans être mêlés à d’autres gens partageant leurs angoisses et leur colère. Nous étions nombreux, très nombreux au regard des quelque 600 000 Juifs français composant cette « communauté » qui est loin d’en être une ; mais nous étions seuls. Je m’étais muni, pour l’occasion, d’un drapeau tricolore et d’une pancarte confectionnée par mes soins, sur laquelle on pouvait lire : « France, ma patrie, Israël, mon espoir ». Très vite, elle servit de point de ralliement à des gens venus ici individuellement, qui ne se reconnaissaient dans aucun des groupes organisés participant au défilé bannière en tête. Leurs propos pouvaient se résumer à ce questionnement angoissé : « Que nous arrive-t-il donc ? Que nous vaut cet opprobre ? Qu’avons-nous fait de mal ? »

    Les habitués des « manifs », ceux qui ne ratent jamais une occasion de protester contre les plans Juppé ou Allègre, de soutenir les sans-emploi, les sans-papiers ou les sans-logis, de fustiger l’OMC, le FMI et les OGM, étaient restés chez eux. Oui, bien sûr, tous ces gens-là, ou presque, condamnaient on ne peut plus fermement les incendies de synagogues et les caillassages de bus d’élèves d’écoles juives : c’était inscrit noir sur blanc dans les communiqués de presse de leurs associations habituelles. Mais une petite phrase de l’appel du CRIF avait fait rentrer tous ces escargots de la protestation humaniste et indignée dans leur coquille d’indifférence : « Solidarité avec le peuple d’Israël ». On eût bien volontiers fait son devoir de manifestant, s’il ne s’était agi que de recommencer, une fois de plus, le rituel antifasciste. Et encore, à condition, bien entendu, de ne pas désigner trop précisément les auteurs des actes en question, trop peu conformes au modèle déposé des ennemis répertoriés. Il n’était pas question, en revanche, de faire savoir à la ville et au monde que l’on ressentait la moindre once de compassion à l’égard des victimes israéliennes d’un terrorisme aveugle et sanglant. Ces hommes, ces femmes et ces enfants, supposés être les instruments volontaires et conscients de ce qui, selon ces « belles âmes », est la pire des politiques mises en œuvre aujourd’hui sur la planète - celle d’Ariel Sharon, de ses ministres, de ses généraux et de ses soldats -, n’étaient pas dignes qu’on leur consacrât une parcelle, même infime, de son énergie militante.

    Il était temps, donc - comment faire autrement dans ces circonstances ? -, d’assumer, de revendiquer et de s’arranger dans sa vie quotidienne de cet adjectif qualificatif, dont on eût préféré laisser la gestion aux historiens et aux professeurs de science politique : sioniste. Pourquoi, en effet, se réclamer d’un mouvement politique, le sionisme, dont l’objectif, l’établissement d’un État juif sur la terre de Palestine, est accompli, clôturant ainsi le long et vif débat qui avait opposé, au sein du judaïsme, les partisans et adversaires de ce projet national élaboré et promu par Theodor Herzl ?

    Le destin des mots étant ce qu’il est, c’est-à-dire largement indépendant de la volonté de leur créateur, les tribulations du substantif « sionisme » et de son adjectif dérivé ont fini par les déposer dans le camp de leurs pires adversaires. Le sionisme a subi, comme beaucoup d’autres ismes, le rejet lié à l’échec des idéologies universelles et totalisantes, lui qui ne prétendait qu’à cimenter un projet géographiquement limité et politiquement pluraliste. Et peu à peu s’est imposée dans les esprits une sorte d’évidence : le sioniste était la mauvaise part du Juif, une catégorie verbale permettant de désigner commodément ceux d’entre eux qu’il était permis de détester, de désigner à la vindicte des braves gens, sans pour autant donner prise au soupçon infamant d’antisémitisme. Des résolutions de l’ONU, assimilant le sionisme au racisme, aux imprécations lancées dans les mosquées de Gaza, du Caire ou d’ailleurs, en passant par l’hystérie antijuive de la conférence de Durban, son utilisation diffamatoire a fini par s’imposer comme allant de soit.

    « Tu es juif, mais tu n’es pas sioniste, hein ? » C’est ainsi qu’une collègue en charge du Moyen-Orient, par ailleurs plutôt bien disposée à mon égard, m’accueillit, vaguement inquiète, lors de mon arrivée, en 1985, au service étranger du Monde. Je ne sais plus trop ce que je lui répondis alors, sans doute ai-je dû bredouiller que j’étais en faveur de la reconnaissance du droit des Palestiniens à un État dans une partie de la terre située entre la Méditerranée et le Jourdain. Cela ne mangeait, comme on dit, pas de pain et remettait à une date ultérieure cette réponse que je me proposais de me donner à moi-même, en temps utile, de préférence le plus tard possible. Mais je me le tins pour dit, et évitai soigneusement, pendant les quinze ans où j’appartins à la rédaction de ce quotidien, de m’approcher de trop près de sujets liés au conflit israélo-arabe, estimant que le lecteur n’avait pas à subir les conséquences des a priori, conscients ou inconscients, pouvant intervenir dans mon travail de journaliste. J’ai, par la suite, constaté que d’autres collègues, dans cette même rédaction et celles d’autres grands journaux, voyaient les choses différemment, et ne s’embarrassaient pas de ce genre de scrupules.

    Pour être totalement honnête, cette question hamletienne du « être ou ne pas être sioniste », corollaire du « être ou ne pas être juif », s’était déjà présentée à plusieurs reprises sur le bord des chemins politiques et intellectuels que j’ai arpentés au fil du temps. Adhérent dans les années 60 de cette turbulente Union des étudiants communistes qui donna, pendant quelques années, bien du fil à retordre à la direction paléo-stalinienne du PCF, j’y croisai des camarades de toutes tendances, trotskistes, maoïstes, « Italiens », parmi lesquels on trouvait de nombreux jeunes gens et jeunes filles « d’origine israélite », comme on disait encore à l’époque. Certains d’entre eux ont, depuis, fait de brillantes carrières dans la politique, le journalisme ou la littérature. La question « identitaire » était alors réglée en trois coups de cuillère à pot, à l’aide d’une ou deux citations de Rosa Luxemburg et d’un usage simplifié des Réflexions sur la question juive de Sartre. Le Juif étant un produit de l’antisémite, la disparition programmée de ce dernier, au besoin à l’aide de méthodes musclées, qui ne manquerait pas d’être consécutive au « Grand Soir » ainsi qu’au renversement de la bureaucratie stalinienne et judéophobe, allait nous libérer à jamais de cette angoisse identitaire horriblement petite-bourgeoise. Mao-tsé-toung étant resté très discret sur le sujet, la question n’avait même pas lieu d’être pour ceux qui, Juifs ou non, se réclamaient du Petit livre rouge. Quant à l’État d’Israël, il était situé sur le mauvais versant de la colline idéologique, cet ubac où erraient les spectres hideux du colonialisme, de l’impérialisme et du capitalisme, alors que nous gambadions sur l’adret radieux des progressistes et révolutionnaires de tous les pays.

    Les premières secousses ébranlant cet édifice de certitudes se firent sentir en juin 1967, où la perspective de la disparition de l’État juif, si elle nous paraissait théoriquement juste, se révéla pour certains sentimentalement insupportable. La victoire de Tsahal provoqua donc un immense soulagement, car elle nous permettait de retourner l’esprit apaisé à nos petites boutiques où mijotaient les petits plats qui allaient faire les délices de Mai 68. Sous-produit du « guévarisme » triomphant, la palestinophilie sorbonnarde ou germanopratine était d’autant mieux portée que l’on s’était aperçu qu’elle avait peu de chance de contribuer à rayer Israël de la carte. En revanche, se réclamer, dans ces mêmes cercles, du philosionisme des Guy Mollet, Defferre, Mitterrand ou Mendès France vous renvoyait illico à l’enfer d’une social-démocratie ringarde et sans avenir radieux.

    Le lent et continu délitement des idéologies révolutionnaires allait faire surgir, chez nombre de ces Juifs français qui en avaient été les thuriféraires, un nouveau besoin : celui de définir le lieu où l’on pourrait commencer - ou recommencer - à penser le monde à partir de l’irréductibilité du destin de chaque Juif à son appartenance de classe, son enracinement régional ou ses comportements sexuels. Les orphelins de la Révolution créaient le MLF quand c’étaient des orphelines, les homosexuels brandissaient la bannière du FHAR avant d’être décimés par le sida, les plus avisés créaient des journaux, alors que d’autres entamaient leur longue marche à travers les institutions.

    La conquête du territoire imaginaire d’une judéité réinventée sembla à quelques-uns une tâche noble et exaltante, en tout cas tout à fait susceptible de servir de méthadone à ces « junkies » d’une théorie révolutionnaire démonétisée. Alors que certains s’accrochaient au rafiot trotskiste comme des berniques à leur rocher, d’autres trouvaient dans le retour au Talmud un chemin vers l’oubli et la consolation.

    Avec quelques amis, nous décrétâmes alors qu’il fallait regarder vers New York plutôt que vers Jérusalem, étudier Woody Allen, Philip Roth, Saül Bellow et Isaac Bashevis Singer, et que, tout compte fait, la perspective de rester à Babylone était la seule porteuse d’avenir, pour nous-mêmes et pour l’ensemble du peuple juif. Cette attitude, outre les plaisirs intellectuels, culturels et touristiques qu’elle nous permettait de savourer, nous donnait l’illusion d’échapper élégamment au dilemme sionisme/antisionisme. Nous étions « a-sionistes », comme on dit agnostique : totalement incroyant mais sans hostilité particulière envers Dieu.

    Ce culturalisme sybarite aurait très bien pu suffire à notre bonheur si, par ailleurs, les barbares moyen-orientaux s’étaient fait lentement oublier après avoir bricolé l’un de ces compromis boiteux qui font la tranquillité des petites et grandes nations. Évidemment, nous n’étions pas parvenus à faire admettre qu’il y avait plusieurs maisons juives dans la demeure du Seigneur, et que la nôtre était la plus confortable, d’autant plus qu’elle était construite dans une nation de haute culture gastronomique habitée par des gens d’esprit.

    C’est à ce moment-là, au milieu des années quatre-vingt, que la rencontre avec Élie Barnavi allait m’ouvrir l’horizon d’un sionisme à peu près acceptable, revêtu des habits des Lumières en lieu et place du lourd corset idéologique russo-polonais ou des redingotes noires du messianisme éternel. De la lecture de son Histoire moderne d’Israël, ainsi que des longues discussions qui nous ont réunis, et parfois opposés, tout au long de ces quinze années s’est peu à peu imposée à moi l’idée qu’il était inutile de ruser avec l’Histoire, surtout l’histoire juive. C’est un peu grâce à lui qu’il m’est facile de dire aujourd’hui « Bonjour, Israël ! » sans pour autant renoncer au choix de mon lieu de résidence, et encore moins à mon droit de dire ce que je pense à ceux que je salue ainsi. Il n’est jamais inutile d’être poli.


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