• L'Iran: Un exemple de négationnisme

     

    L'Iran a annoncé aujourd'hui son intention d'organiser une conférence chargée de se pencher sur les preuves "scientifiques" du génocide des juifs par l'Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale.

    "Ce monde est étrange. On peut discuter de tout, sauf de l'Holocauste. Le ministère des Affaires étrangères a l'intention d'organiser une conférence sur l'aspect scientifique de la question afin de discuter et réexaminer ses répercussions", a déclaré aux journalistes le porte-parole de ce ministère, Hamid Reza Asefi. Ce dernier n'a pas précisé la date et le lieu de cette conférence et n'a pas dit qui y participerait. Il a toutefois souligné que cette conférence était programmée et soutenue par son ministère.

    Au début du mois, l'Association des journalistes musulmans, connue pour ses positions radicales, avait déjà proposé de tenir une conférence similaire. Samedi, le président Ahmadinejad avait appelé l'Occident à faire preuve de suffisamment d'indépendance d'esprit pour permettre un débat international ouvert sur les véritables aspects de l'Holocauste.

    Il n'y a pas de débat à lancer sur la Shoah. La Shoah est un fait, une évidence. Je ne vais pas rentrer dans ce petit jeu minable en essayant de prouver quoi que ce soit mais je voudrais revenir brièvement sur l'histoire du négationnisme, une invention bien française.

    A l'origine, au début des années 1950, on trouve Maurice Bardèche, activiste d'extrême droite, et Paul Rassinier, ancien déporté, socialiste mais surtout violemment anti-communiste. Leur idée est simple : la Shoah banalise les crimes perpétrés par les communistes. Minimiser la Shoah permet d'amplifier l'atrocité de la barbarie communiste. La création d'Israël les aide à établir leur thèse : l'extermination des juifs est un mensonge qui a servi à obtenir les fonds nécessaire à la création d'Israël. Ce sont déjà les prémices de l'antisionisme. Mais la théorie négationniste n'a pratiquement aucun impact et devra patienter encore 20 ans pour connaître une diffusion plus importante.

    Dans les années 1970, c'est Robert Faurisson, universitaire spécialiste de littérature, et Pierre Guillaume, activiste gauchiste, qui relancent le négationnisme. Ils nient purement et simplement l'existence des chambres à gaz, ou tout du moins celles devant exterminer les juifs. Les recherches sur le génocide nazi n'ont pas commencé tout de suite après la guerre et Faurisson et Guillaume bénéficient d'énormes carences historiques pour affirmer leur thèse. En 1980, au micro d'Europe 1, invité par Ivan Levaï (actuel rédacteur en chef de Tribune Juive), Faurisson déclare : "Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide juif ne sont qu'un même et seul mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l'Etat d'lsraël, le sionisme international, et les principales victimes le peuple allemand et le peuple palestinien."

    Dans les années 1980, le négationnisme est combattu, notamment par les historiens qui recueillent des preuves indéniables et établissent des faits précis. Cela abouti, en 1990, à la Loi Gayssot qui va réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ainsi que la contestation des crimes contre l'humanité. Pourtant, des nouveaux venus reprennent le flambeau négationniste, notamment Roger Garaudy qui conteste le "lavage de cerveau de la Shoah" et les chiffres données. Il reçoit d'ailleurs le soutien de l'Abbé Pierre (sic). Le Front National surfera également sur la vague. Quelques semaines après le sortie du film Shoah de Jacques Lanzman, Le Pen dira de la Shoah qu'elle n'a été "qu'un point de détail de la Seconde Guerre mondiale". Ou encore le jeu de mot sur le ministre Durafour.

    Et dans les années 2000, c'est Mahmoud Ahmadinejad qui relance cette idée nauséabonde avec notamment ce grand débat qu'il souhaite lancer, après avoir qualifié la Shoah de mythe. Je le redis, la Shoah est une évidence lors pourquoi lancer un débat ? Simplement pour rayer Israël de la carte. Selon lui (et beaucoup d'autres), la Shoah légitime la création d'Israël. Si la Shoah n'a pas eu lieu, Israël n'a aucune raison d'exister. Le complot a encore de beaux jours devant lui.





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